tableaux où il nous la montre empiétassent jamais sur le personnage principal et en détournassent notre attention. Emma occupe toujours le centre du tableau, et nous ne cessons jamais de la voir et de la sentir présente, même quand on nous entretient de Tuvache ou de Binet. L’arrangement de la scène du comice agricole est cet égard un chef-d’œuvre, mais remarquez que toutes les scènes sont disposées d’une manière analogue et qu’il n’en est aucune qui, intéressante par elle-même, ne nous ramène au personnage central au moment même qu’elle semble nous en éloigner. Rien, à cet égard, ne prête à la critique, si ce n’est peut-être le prologue, à savoir le premier mariage de Bovary ; mais il convient de songer qu’il faut faire comprendre comment Bovary a pu épouser Emma. Être sans initiative, il a dû être marié une première fois par sa mère. Ce n’est que veuf et comme émancipé par un premier mariage qu’il est assez hardi pour se marier lui-même, en étant, du reste, singulièrement aidé dans cette démarche. Peut-être aussi les représentations d’opéra à Rouen, après l’épisode de Rodolphe, ne sont-elles pas très bien placées. Elles devaient l’être plutôt au début du volume, non très loin du bal chez les châtelains où est invitée Mme Bovary. Ce sont choses du même ordre, révélations de la même espèce, devant servir dans l’esprit d’Emma d’aliments aux mêmes rêves et aux mêmes confus désirs. Mais ceci n’est qu’un détail.