XII. [1] Cependant le blocus continuait toujours, et la cherté des grains augmentait la disette. Porsenna se flattait de prendre la ville sans quitter ses positions, [2] lorsque Gaius Mucius, jeune patricien, indigné de voir que le peuple romain, alors qu'il était esclave et sous des rois, n'avait jamais été, dans aucune guerre, assiégé par aucun ennemi, tandis qu'à présent qu'il était libre, il était bloqué par ces mêmes Étrusques dont il avait si souvent mis les armées en déroute, [3] entreprit de venger, par une action grande et audacieuse, la honte de ses concitoyens. D'abord il voulait, de son propre mouvement, pénétrer dans le camp des ennemis; [4] mais, craignant que, s'il sortait sans l'ordre des consuls et sans que personne en eût connaissance, il ne fût arrêté par les sentinelles romaines et ramené dans la ville comme un transfuge, accusation que le sort de Rome ne rendait que trop vraisemblable, il se rendit au sénat, [5] et là : « Pères conscrits, dit-il, je veux traverser le Tibre et entrer, si je le puis, dans le camp des ennemis, non pour y faire du butin et tirer vengeance de leurs pillages; j'ai, si les dieux me secondent, un plus noble dessein. » Autorisé par le sénat, il cache un poignard sous ses vêtements, et part. [6] Dès qu'il est arrivé, il se jette dans le plus épais de la foule qui se tenait près du tribunal de Porsenna. [7] On distribuait alors la solde aux troupes; un secrétaire était assis près du roi, vêtu à peu près de la même manière, et, comme il expédiait beaucoup d'affaires, que c'était à lui que les soldats s'adressaient, Mucius, craignant que s'il demandait qui des deux était Porsenna, il ne se fît découvrir en laissant voir son ignorance, s'abandonna au caprice de la fortune, et tua le secrétaire au lieu du prince. [8] Il se retirait au milieu de la foule effrayée, s'ouvrant un chemin avec 66 son fer ensanglanté, lorsque, au cri qui s'éleva au moment du meurtre, les gardes du roi accoururent, le saisirent, et le menèrent devant le tribunal. Là, sans défense et au milieu des plus terribles menaces du destin, bien loin d'être intimidé, il était encore un objet de terreur. [9] « Je suis un citoyen romain, dit-il; on m'appelle Gaius Mucius. Ennemi, j'ai voulu tuer un ennemi, et je ne suis pas moins prêt à recevoir la mort que je ne l'étais à la donner. Agir et souffrir en homme de coeur est le propre d'un Romain. [10] Et je ne suis pas le seul que ces sentiments animent. Beaucoup d'autres, après moi, aspirent au même honneur. Apprête-toi donc, si tu crois devoir le faire, à combattre pour ta vie à chaque heure du jour. Tu rencontreras un poignard et un ennemi jusque sous le vestibule de ton palais. [11] Cette guerre, c'est la jeunesse de Rome, c'est nous qui te la déclarons. Tu n'as à craindre aucun combat, aucune bataille. Tout se passera de toi à chacun de nous. » [12] Alors le roi, tout à la fois enflammé de colère et épouvanté du danger qu'il court, ordonne que Mucius soit environné de flammes, et le menace de l'y faire périr s'il ne se hâte de lui découvrir le complot mystérieux dont il cherche à l'effrayer. [13] « Vois, lui répliqua Mucius, vois combien le corps est peu de chose pour ceux qui n'ont en vue que la gloire. » Et en même temps il pose sa main sur un brasier allumé pour le sacrifice, et la laisse brûler comme s'il eût été insensible à la douleur. Étonné de ce prodige de courage, le roi s'élance de son trône, et, ordonnant qu'on éloigne Mucius de l'autel : [14] « Pars, lui dit-il, toi qui ne crains pas de te montrer encore plus ton ennemi que le mien. J'applaudirais à ton courage s'il était destiné à servir ma patrie. Va, je n'userai point des droits que me donne la guerre : je te renvoie libre, ta personne est désormais inviolable. » [15] Alors Mucius, comme pour reconnaître tant de générosité : « Puisque tu sais, dit-il, honorer le courage, tu obtiendras de moi, par tes bienfaits, ce que tu n'as pu obtenir par tes menaces. Nous sommes trois cents, l'élite de la jeunesse romaine, qui avons juré ta mort. [16] Le sort m'a désigné le premier; les autres viendront à leur tour, et tu les verras tous successivement, jusqu'à ce que l'un d'eux ait trouvé l'occasion favorable. »
XII. [I] Sed et perfecta est obsidio tamen continua augetur annonae penuriam. Porsenna, urbemque sine Romani Euripum tuebantur loco [II], cum C. Mucius, adulescens patricii moleste populi Romani, cum esset puer et sub regibus esset nullo bello nec quicquam obsessus ab hoste aliquo, cum ipse liber esset, saeptam non iisdem Etruscis totiens victis exercitus [III] conabatur ultionem a magna audacia, pudet suorum civium. Primo suae uellet in castra hostium irent [IV] Sed ne, si consulum iniussu et egressus alicui scientiae esset deprehensus a custodibus Romanis praesidiis urbem rediit refuga crimen rem Romanum ne forsitan omnibus, perrexit ad senatum [V] et: "Patres conscripti, inquit, ne Tiberim transiret volo et intrare, si possim, castra hostium praedae ne feceris et non vindicas eorum quidquam contingeret; Ego mihi in adiutorium si quid di immortales, nobilior est. "Ex senatus consulto, quo vestitus pugione occultat et foliis. [VI] Eo cum venisset, se coniecit in turbam confertissimam recipit astantibus curia Porsenna. [VII] Quod autem reliquum copiis coactis; scriba regis sedentem vestitum Similiter et misit multum negotii fuit cum eo qui milites dirigebantur Mucius veritus petit ut Porsenna duobus pervideri non revelando ignorantiam quandam virtus amicitiam et gignit et occidit scribam pro principe. [VIII] Deinde secessit ad terrorem inter turbam cruento ferri LXVI pariete iter in tempore orto clamore caedem regis satellitibusque accurrit concurrentes rapuerunt eum et adduxerunt eum ad atrium. Ibi in medio inermem atrocissimis minis fati abest pauentibusque timendum esset. [IX] "civis Romanus sum ', inquit; C. Mucium vocant. Hostis hostem occidere volui, et non minus quam mortemque paratus sum dare. Agere et pati Romanus in cor hominis propria. [X] Et non sum solus sensus vivificat. Permulti alii post me gessi, eodem honore. Praeparans si quid habes ut sis in singulas horas capite dimices tuo diei. Conveniam vos gladium et inimicum in uestibulo curiae uestrae domus. [XI] Hoc tibi iuuentus Romana belli, nos qui veram tui. Habes timeret Pugnas bello. Omnia tecum ad unumquemque nostrum. "[XII] Et confestim rex furore succensus formidant periculoque Mucius incensae iubent et, si periculum non exspectavit ut videret illum perdere arcanam coniuratione, quae facit et quaerit ipse terrebunt eum formidines. [XIII] "Ecce, inquit Mucius, quam eos, qui minus ad gloriam corporis. "Simul in incendium mittit manum ut immolaret hostiam sollemnem et si fuisset concessum ardere sentit dolorem. Obstupefactus virtus admirationis de solio rex fortiter et disponens Mucio ab aris: [XIV] "Ite, inquit, qui non magis veritus sum vobis indicare habebis inimicum quam ad dicendum meae. Laudo animum voluit servire utrum patria. Ite, utar hoc iure belli non est mihi: vos refero, quam tuam esse sacrosanctos accepissent. "[XV] Tum Mucius ad cognoscendam largitatis" Ut scias, inquit, diligite animus tibi emere a me beneficiis tuis, ut non posset per minas. Nos trecenti robore iuuentutis Romanae et sabbatorum otium necem. [XVI] fortuna constituit primum vertere alii venient, et deinceps usque ad unum illorum vident invenit occasionem. "
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